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Les startups de nos régions ont du talent #2 MaPUI LABS 💊

17 Feb 2022, 15:00, par Loïc Deffains

Je vais vous présenter une startup dont les collaborateurs savent pourquoi ils se lèvent le matin : ils optimisent le système de santé à travers l’amélioration du circuit des médicaments.

Découvrez MaPUI LABS avec Goulwen Lorcy, fondateur et CEO de la startup qui a accepté de répondre à quelques questions.

C’est quoi, MaPUI LABS ? Comment est née la startup ?

Notion préalable : C’est quoi, une PUI ? Une PUI est une « pharmacie à usage intérieur », que l’on trouve principalement dans les établissements de santé.

Fondée en janvier 2016 par le rennais Goulwen Lorcy, MaPUI LABS est une startup e-santé qui développe des solutions innovantes autour de la problématique du circuit du médicament et des dispositifs médicaux. L’idée du projet est partie d’un constat partagé par un pharmacien hospitalier, ami d’enfance de Goulwen : de nombreux médicaments proches de la date de péremption trônent sur les étagères des hôpitaux publics alors qu’ils pourraient être réutilisés par d’autres. 3 plateformes e-santé plus tard, quelques trophées, une crise sanitaire et la médaille de l’Ordre national du mérite, on dirait que le challenge commence à être relevé. 😉

Quels-sont les services que propose MaPUI LABS ? Comment a évolué l’entreprise ces dernières années ?

MaPUI LABS a commencé par proposer MaPUI, une plateforme d’échange de médicaments en pharmacies à usage intérieur (PUI). La startup a ensuite développé Hospiville, plateforme opérant dans le suivi médicamenteux ville-hôpital. Plus récemment, leur troisième plateforme Hospistock est née, ayant pour but de centraliser les tensions et ruptures de stock de médicaments.

En quelques années, l’équipe s’est agrandie pour accompagner le développement de ces projets : « Nous sommes aujourd’hui 17 personnes : une bonne dizaine de développeurs ainsi qu’une équipe plus classique – communication, RH, administration des ventes… » nous confie Goulwen.

MaPUI et la gestion de la crise sanitaire : cap ou pas cap ? (spoiler : cap !)

Les situations donnant lieu à des plans blancs telles que la crise du COVID (qui a particulièrement engendré une forte tension sur la gestion des médicaments) ont mis en valeur le fait que le numérique n’était pas du tout présent : aucun outil de remontée des stocks de médicaments n’existaient jusqu’à récemment dans les établissements de santé.

Mars 2020, première semaine de confinement : Pour pallier les difficultés d’approvisionnement des médicaments, la startup reçoit un premier défi de la part de l’ARS Ille-de-France : Equiper tous les établissements de santé franciliens de la solution MaPUI. Challenge accepted – A peine le temps de souffler : quelques jours plus tard le Ministère de la Santé leur demande un déploiement à l’échelle de tout le territoire français, pour pouvoir remonter les stocks de médicaments en temps réel aux ARS ainsi qu’au ministère. MaPUI relève le défi avec brio et participe donc activement à la gestion de la crise sanitaire (ce qui vaudra à Goulwen l’insigne de Chevalier de l’Ordre National du Mérite, mais ça, il ne nous l’a même pas mentionné !).

L’enjeu de la digitalisation du secteur de la santé : l’incarnation d’un jeu de patience ?

Le défi mentionné précédemment a été une vraie victoire pour la startup : d’habitude, travailler avec les acteurs de la santé se fait sur un temps (très) long. En témoigne la plateforme Hospiville, expérimentée en 2018, réellement déployée fin 2021, après plusieurs années de réflexion suite à l’appel à projet « Digital for life » des hôpitaux de Bretagne. L’acculturation autour du numérique est aussi un enjeu de taille.

« On a eu quelques galères, on a ramé : c’est un secteur très compliqué » nous confie Goulwen, « un monde particulier…mais également hyper intéressant et valorisant ».

Comment on s’impose dans la santé quand on est une startup ?

« On a l’avantage de tout développer en interne, on n’a rien délégué » : les plateformes MaPUI LABS sont 100% développées par l’entreprise. La connaissance du terrain est également un atout majeur : depuis toujours, l’entreprise se confronte aux enjeux terrain et travaille en étroite collaboration avec des pharmaciens hospitaliers.

Des concurrents, il en existe : des grands éditeurs de logiciel là depuis 20 ans par exemple, mais qui n’ont pas forcément les qualités d’une startup. En plus de la connaissance terrain, l’agilité dont fait preuve MaPUI LABS, la réactivité (dans le cas notamment de la demande du Ministère pendant la crise sanitaire) et la fiabilité de leurs produits – leurs plateformes ne sont jamais tombées – ont apporté une grande confiance de la part d’acteurs du public, désormais séduits par les startups. Ceci souligne un point-clé : l’état a fait confiance a une startup, ce qui contribue à rendre crédibles la « startup nation ».

« Une startup avec les contraintes d’un grand groupe », c’est par ailleurs comme cela que Goulwen qualifie sa structure : opérant dans la e-santé, MaPUI LABS est par exemple soumis à un audit mensuel de ses différentes plateformes par une société de cybersécurité. L’enjeu des données patients à protéger est entre autres un des enjeux « data » de la startup.

Quelles-sont structures qui vous ont accompagné à vos débuts, et qui vous accompagnent encore maintenant ? Est-ce que la Bretagne est un terrain propice au développement d’une structure comme la vôtre ?

Goulwen nous énumère de nombreux types d’accompagnements dont sa startup a pu bénéficier : « Il y a eu Digital Square à Cesson, on a été accompagné par Le Poool (côté Rennes Atalante)…

La région Bretagne a également été très présente, notamment quand les financeurs se sont montrés très frileux. La région a tout de suite soutenu l’initiative, ayant une forte appétence pour les secteurs prometteurs de la santé et de l’e-santé. Le pôle id2santé, devenu Biotech Santé Bretagne a été très présent lors du démarrage du projet, ainsi que BPI.

Des programmes tels que celui sur la gestion du vaccin, portés par Janssen et Astrazeneca l’année dernière à Station F (Paris) ont également fait intervenir MaPUI Labs. » Plusieurs prix bretons tels que Crisalide Numérique ont aussi soutenu l’entreprise.

On comprend que la Bretagne est donc un terrain fertile pour les initiatives mêlant innovation et santé.

Quelles-sont prochaines étapes de développement pour MaPUI Labs ?

Côté recrutement : l’équipe recherche à agrandir son équipe technique principalement, pour continuer à grandir et à faire évoluer les différentes plateformes. Rien de précis côté levée de fonds. L’entrepreneur nous mentionne le fait que MaPUI aimerait s’étendre à l’international, ce qui est « un vaste sujet, complexe sur le process » mais, en suivant déjà les nombreuses évolutions de l’entreprise durant ces dernières années, on comprend que rien ne leur fait peur 😉. To be continued !

On voit parfois cette phrase « On ne nait pas entrepreneur on le devient », est-ce vrai dans votre cas ?

« A la base, j’étais informaticien issu d’Epitech Paris. J’ai travaillé quelques années pour l’entreprise Capgemini pour le compte de différentes structures (Biogaran, la Caisse primaire d’assurance maladie, EDF…) puis j’ai voulu revenir à Rennes où j’ai mes origines. J’ai eu l’opportunité de devenir de directeur pédagogique d’Epitech lorsque l’antenne rennaise s’est créée.

A force de pousser les étudiants à monter des projets, j’ai eu envie de créer une entreprise. L’entrepreneuriat m’a toujours démangé : lors de mes études, avec mes camarades étudiants on se posait déjà la question de monter un projet. J’ai d’abord souhaité acquérir de l’expérience en SSII avant de me lancer. Après avoir travaillé à La Défense, j’étais en quête de sens, j’avais l’impression d’être déconnecté de l’humain. » Tous ces éléments prédestinaient donc Goulwen à entreprendre dans un secteur tel que la e-santé. Accompagné d’une équipe « hyper impliquée au quotidien », on lui souhaite plein de succès !

Pour finir : des conseils à partager à celles et ceux qui souhaiteraient entreprendre, notamment dans la santé ?

« Conseil n°1…Restez insousciant.e.s ?. On était novices sur la santé/e-santé, nous avons donc eu beaucoup d’embuches à nos débuts…et en même temps, nous étions inconscients à l’époque, et tant mieux ! », nous confie Goulwen. « Cela a en effet apporté beaucoup de positif : Quand on se dit qu’on va attaquer un marché avec trop de « gros » acteurs, on se dit souvent que « de toute façon, ça ne va pas marcher ». Ce qui a été intéressant avec ce côté « innocent, insouciant », c’est que dès le démarrage, on a pu réussir à faire bouger un tel secteur, changer le regard… ». L’insouciance mêlée à la persévérance : voici deux attitudes qui paraissent avoir été fructueuses pour MaPUI Labs ! __« Il ne faut rien lâcher : en Bretagne, on est têtus, à force de volonté, on arrive à avancer ». __

« Réseautez et n’hésitez pas à parler de votre idée ! » Durant son parcours pédagogique et entrepreneurial, Goulwen a pu coacher des startups et suivre l’évolution de différents projets…et c’est terrible, la culture du secret autour de l’idée « de peur qu’on la pique » semble encore bien ancrée, ce qui a le don de desservir les projets en question. « Parler de son idée, prendre des conseils » sont des facteurs-clés de succès selon Goulwen. De ces mêmes expériences, Goulwen a pu faire un autre constat : certaines personnes ont « peur d’étudier la concurrence » avant de lancer leur projet. Or, __« avoir une bonne connaissance de son écosystème, de ses concurrents, c’est la base ! » __

Enfin, « entrepreneur.e.s : allez sur le terrain ! » Croyez-en l’expérience de Goulwen et ses associés qui passent beaucoup de temps en terrain hospitalier…

âž¡ MaPUI LABS


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